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sous la restauration. Les fragments de la Grèce sauvée, qui ont été recueillis par des mains pieuses, occupèrent souvent les loisirs du grand maître de l’université impériale et du président du corps législatif qui, fatigué sans doute des précautions infinies de langage qu’il était obligé de prendre avec le maître, dans cette double fonction, se reposait de ce labeur en chantant d’une voix plus accentuée, dans le huitième chant de son épopée, Léonidas mis au rang des dieux pour avoir sauvé la terre de la liberté. Il arrivait aussi à l’ancien royaliste ou au chrétien de venir achever dans une pièce de vers un acte de courage commencé dans sa vie publique. Ainsi M. de Fontanes, après avoir fait rectifier dans le Moniteur la phrase de son discours où le gouvernement lui faisait louer, le lendemain du meurtre du duc d’Enghien, les mesures du premier consul, écrivait l’ode au duc d’Enghien, qu’on pourrait souhaiter peut-être plus poétique et plus inspirée, mais non pas plus honnêtement indignée ; là son âme épanche ses sentiments contenus devant le premier consul, et auxquels il n’avait pu donner une issue que dans des paroles rares et rapides, tempérées par la prudence et mesurées par le respect[1]. C’est ainsi encore qu’après avoir déconseillé, autant qu’on pouvait déconseiller

  1. Sur un trône orné de trophées,
    Napoléon, ne pense pas
    Qu’à tes pieds nos voix étouffées
    Taisent de pareils attentats ;
    Il est un juge incorruptible
    Qui, dans un livre indestructible,