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une fois conçues : « Sire, quand on est né sur le trône, on n’a point de préventions conçues, mais des préventions reçues, car on ne connaît pas même ceux contre lesquels on les nourrit. » — « Né sur le trône passa à merveille », continue M. Fiévée, sans se douter qu’en trahissant l’excès jusqu’où l’enivrement du maître était monté, il trahit en même temps l’excès jusqu’où la complaisance était descendue chez ceux qui abusaient tellement de la parole humaine, que leurs adulations prenaient un air d’ironie. Mais les phrases ne changent rien aux faits, et la situation que nous avons essayé de décrire était plus forte que toutes les protestations, plus forte que l’empereur lui-même, plus forte que les preuves de bon vouloir que donna le Journal des Débats échangeant son titre contre celui de Journal de l’Empire, et M. Fiévée en en prenant la direction. L’empereur lutta encore ; il patienta, espérant que les choses s’arrangeraient, et que les inconvénients de l’ombre de liberté qu’il laissait au Journal de l’Empire seraient moindres que les avantages qu’en retirait son gouvernement. Puis les dénonciations recommencèrent, les agressions revinrent. Le parti philosophique et révolutionnaire, Fouché, qui était alors ministre de la police, en tête, poursuivait implacablement un journal dans lequel on voyait à la fois un ennemi et une riche proie. À toute occasion, la guerre qui était dans les sentiments et dans les idées, éclatait. Tantôt c’est une proclamation après la bataille d’Austerlitz, écrite