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forme ne mérite pas moins l’attention que le fond. La forme, avec son style d’abord indéterminé, son langage indirect, voile d’un moment jeté sur le moi du maître, qui bientôt, las de cette dissimulation, s’élance impérieux et menaçant ; le fond, c’est la théorie sur la presse qui, même en matière de nouvelles, n’a le droit de savoir et de dire que celles qui sont favorables au gouvernement. Quant aux autres, elle doit les taire, d’abord parce qu’elles ne sont pas connues, plus tard parce qu’elles sont trop connues ; de sorte que la presse, dont le métier est de parler, avait un devoir bien nouveau pour elle, celui de garder le silence. L’empereur qui convient, au commencement de la note, que le bavardage des journaux peut être utile, leur demande, à la fin, de la discrétion. Le maître voudrait, on le voit, réunir à son profit les avantages des deux régimes, celui de la liberté politique et du pouvoir absolu. L’idéal de la presse, à ses yeux, c’eût été une indiscrétion disciplinée et un bavardage obéissant.

On découvre clairement, en lisant cette note, que le correspondant de l’empereur devait lutter en vain pour maintenir aux opinions religieuses et sociales la direction d’un puissant instrument de publicité. Tout ce qu’il put faire, ce fut d’obtenir un sursis. Pourtant, il n’omit rien, il ne ménagea rien pour fléchir le maître. N’osa-t-il pas répondre un jour à l’empereur qui, en parlant de ses préventions contre le Journal des Débats, avait dit qu’il ne revenait point de préventions