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de l’empereur de maintenir en équilibre la balance que ses soupçons, sans cesse entretenus et irrités par des dénonciations nouvelles, semblent toujours au moment de faire pencher contre le journal dont son correspondant, M. Fiévée, lui représente cependant les tendances littéraires et philosophiques comme essentiellement propres à favoriser l’affermissement du pouvoir de l’empereur. C’est pour répondre à une note conçue dans ce sens, que l’empereur adressa à M. Fiévée une note impériale, qui montre, au lieu de la raconter, comme nous l’avons fait jusqu’ici, la situation générale de la littérature sous l’empire, et celle de la presse périodique en particulier[1].

Cette note, pleine de renseignements et de révéla-

  1. Voici quelle était la teneur de cette note :

    « M. de Lavalette verra M. Fiévée, et lui dira qu’en lisant le Journal des Débats avec plus d’attention que les autres, parce qu’il y a dix fois plus d’abonnés, on y remarque des articles dirigés dans un esprit tout favorable aux Bourbons, et constamment dans une grande indifférence sur les choses avantageuses à l’État ; que l’on a voulu réprimer ce qu’il y a de trop malveillant dans ce journal ; que le système est d’attendre beaucoup du temps ; qu’il n’est pas suffisant qu’ils se bornent aujourd’hui à n’être pas contraires ; que l’on a droit d’exiger qu’ils soient entièrement dévoués à la dynastie régnante, et qu’ils ne tolèrent pas, mais combattent tout ce qui tendrait à donner de l’éclat ou à ramener des souvenirs favorables aux Bourbons ; que l’on est prévenu contre le Journal des Débats ; que cependant l’on n’a encore pris aucun parti que l’on est disposé à conserver les Débats si l’on me présente, pour mettre à la tête de ce journal, des hommes en qui je puisse avoir confiance, et pour rédacteurs des hommes sûrs, qui soient prévenus