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cette espèce de duel du parti philosophique et révolutionnaire contre le parti religieux et social, autour de l’empereur : c’est un journal, non pas alors public, mais secret, écrit par un seul homme pour un abonné solitaire ; nous voulons parler de la correspondance adressée à l’empereur par M. Fiévée[1]. Napoléon, en effet, cet intelligent égoïste, qui avait détruit le journal politique pour le public, l’avait rétabli pour son usage personnel. Il avait trouvé un homme d’esprit assez confiant en lui-même pour oser penser avant l’empereur, assez peu modeste pour préférer toujours son opinion à l’opinion impériale et assez hardi pour la dire, et il autorisa cet homme à traiter, dans sa correspondance, le souverain, comme un journal honnête et franc traite ordinairement le public, en lui disant la vérité toute nue, sauf à traiter le public dans le Journal des Débats qu’il lui confia plus tard pour un moment, comme on traite ordinairement le souverain, plus souvent trompé qu’éclairé et endormi qu’averti. On voit, dans cette correspondance qui lève tous les voiles, les efforts prodigieux que fit l’école philosophique et révolutionnaire pour enlever à l’école religieuse et sociale l’appui de l’empereur, et le puissant instrument de publicité qu’elle possédait dans le Journal des Débats. On voit en même temps la vive résistance opposée aux efforts du parti philosophique, et le désir

  1. Cette correspondance a été publiée, après la révolution de 1830, par M. Fiévée lui-même.