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bâtir un édifice dont ils vous demanderont les clefs pour un autre, dès qu’il sera construit ; si vous les écoutez, vous travaillerez à vous rendre inutile. Il arrivera un jour où l’ordre sera si bien rétabli, qu’il ne restera plus d’autre désordre que vous en France, et alors on priera l’ouvrier de se retirer, comme il convient de le faire, après l’achèvement de la maison, pour que le propriétaire vienne l’habiter. »

Il y avait de la vérité dans ces remontrances contradictoires, et l’empereur se trouva plus d’une fois dans une assez grande perplexité d’esprit. Il aimait les idées d’ordre, les principes de stabilité, les doctrines de pouvoir, et c’étaient autant de liens qui le rattachaient à l’école religieuse et sociale ; mais il ne pouvait complétement oublier son origine, pour ne se rappeler que son but. Il devait lui-même exprimer un peu plus tard le regret de ne pas être son petit-fils ; mais il ne dépendait pas de lui de le devenir. Il était donc continuellement entre ces deux écueils : faire trop pour les idées religieuses et sociales, ou trop peu ; c’est-à-dire craindre la monarchie, jusqu’à tomber dans les idées révolutionnaires, ou reculer devant les idées révolutionnaires, jusqu’à se trouver précipité dans le principe monarchique. Ce n’était point là seulement une difficulté de conduite, c’était un vice de situation.

Il existe un document à la fois historique, philosophique et littéraire de cette époque, où l’on peut suivre, avec une remarquable exactitude, les phases de