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toire ; rappeler parfois les principes du droit et de la justice, sous prétexte de philosophie, et poursuivre le parti révolutionnaire sous les traits de l’école de Voltaire.

De son côté, le philosophisme, qui avait aussi accès dans la presse, et qui remplissait les corps savants et l’administration, cherchait à rendre coup pour coup, et à irriter l’empereur contre le Journal des Débats. Il accusait l’école religieuse et sociale à laquelle ses écrivains appartenaient d’être royaliste, et le reproche, pour plusieurs du moins, n’était pas immérité. Mais comme la haine exagère toujours, il ne perdait aucune occasion de signaler à l’empereur la conspiration latente des royalistes, marchant vers une restauration à l’ombre des épigrammes de Geoffroy ; et on alla un jour jusqu’à prendre à partie Geoffroy lui-même, qui n’avait jamais conspiré que contre les solécismes, et à l’accuser, lui paisible en politique comme un commentateur, et timide comme un érudit, d’avoir trempé dans la conspiration du terrible et audacieux Georges Cadoudal.

La position de l’empereur entre les deux écoles finit par devenir embarrassante. D’un côté, on lui disait, en lui montrant les écrivains du philosophisme : « Prenez garde ! ces hommes-là sont des destructeurs ; ils démolissent, à mesure qu’il s’élève, l’édifice que vous construisez, et vous devez les repousser, ne fût-ce qu’en qualité d’architecte. » On lui criait de l’autre : « Prenez garde ! ces hommes-là veulent vous faire