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« crime. Qui peut dire où s’arrêtera cette étude des « existences exceptionnelles, cette excursion dans les « repaires du vol et de l’assassinat ? » Pour rendre ce tableau encore plus complet, ajoutons-y quelques traits. Il s’établit un touchant échange de services et une entente cordiale entre la littérature et les cours d’assises, et elles se prêtent mutuellement des inspirations. Tantôt c’est le malfaiteur qui pose devant le roman et le drame, tantôt ce sont le roman et le drame qui, pour acquitter leurs dettes, posent devant le malfaiteur. N’a-t-on pas vu dernièrement encore une bande de scélérats mettre la Tour de yesïc en action, et parodier d’une manière infâme, dans un de nos faubourgs, cette monstruosité dramatique ; el la secte des étrangleurs, mise en vogue par un romancier, n’a-t-elle pas trouvé son analogue dans les rues de Paris ? Dans ce commerce fôcheux qui s’établit entre les lettres et les crimes, tout le monde perd, les lettres, les criminels eux-mêmes, la société surtout. Les criminels y perdent leurs derniers remords, et nous a ;>sistons à l’avènement d’un nouvel amour-propre, l’amourpropre du crime. Les lettres y perdent leur dignité, leur honnêteté et leur indépendance. Au lieu d’être une mission, elles deviennent une industrie. Les Muses, ces chastes filles du ciel, atteintes du mal géurral, quittent les sentiers laborieux et difficiles qui conduisent aux autels de la gloire, et elles ont été rencontrées, laissant marchander leur honneur sous les portiques du dieu Plu tus. La presse n’est plus ([u’un bazar, une succursale de la Bourse, où l’on cote les intelligences.