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INTRODUCTION. 31

où le cœur avait cessé de battre, et les ministres n’ont-ils pas été vus marquant les cadavres vivants d’où l’honneur, cette vie morale, s’était retiré, les marquant avec cette étoile de l’honneur que Napoléon faisait descendre du ciel d’Iéna et d’Austerlitz sur la poitrine de ses immortels compagnons ? Ce n’était pas assez d’en avoir fait l’ornement banal de tous les courtisans, le hochet de tous les ministres, une espèce de jeton d’antichambre dont on paye tous les services parlementaires et les visites au château ; au commencement de l’année qui vient de finir, n’a-t-on pas vu le ministère envoyer le grand cordon de la Légion d’honneur au duc de Baylen, c’est-à-dire à l’homme de guerre qui le premier fit pâlir dans le ciel l’étoile de Napoléon, et qui ternit, par une tache, l’honneur de la France dont on lui a envoyé l’emblème ?

Vous le savez, tout cela est vrai ; on a abusé des plus inviolables choses. Les charlatans de la tribune ont bien osé aller ouvrir la tombe de Napoléon à Sainte-Hélène, dans l’espoir d’y trouver un expédient parlementaire, et M. Thiers a déchiré le linceul de l’homme des batailles, pour rapiécer l’enseigne de la politique de la peur. Quand le jeune duc d’Orléans est mort, les hommes qui tiennent en ce moment les affaires ont spéculé sur cette catastrophe si terrible et si imprévup, pour prolonger leur ministère expirant, et l’ambition doctrinaire a exploité cet événement sinistre et a fait la contrebande dans un cercueil. Tout a été au niveau de ces ignobles calculs. Quand unhuiume a commis une action basse et honteuse, il a agi habilement pour l’a-