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INTRODUCTION. 19

d’elle-même ? Serait-ce la morale qui, il y a quelques années, sortit avinée du banquet de Grand-Vaux pour gouverner la France ; ou celle qui, selon l’à-propos des circonstances, prit, sans préférence le chemin de Gand ou celui de l’Hôtel-de-Ville ? Les idées dominantes que cette littérature trouve, Dieu me garde de dire dans toute la société française ! mais sur la scène politique de cette société, ne sont-ce pas celles qu’elle développe ? La puissance au plus habile ou au plus fort ; le monde donné comme une proie à l’audace ; le gouvernement des choses humaines au hasard et à la fatalité ; malheur à la faiblesse et guerre à la vertu. Quand le succès décide la moralité des actions, et que la Morgue ou le Panthéon s’ouvrent non pas selon l’arrêt de la conscience publique, mais selon l’arrêt de la victoire, n’est-ce point la moralité préconisée dans les Mystères de Paris de M. Sue, les Mémoires du Diable de M. Soulié, ou le Vautrin de M. de Balzac, qui règne, comme aussi lorsque le legs fait j)ar le dernier des Condés aux orphelins de la Vendée est déclaré immoral, tandis qu’on a vu une femme hardie recueillir en paix une fortune immense, en vertu d’un testament qu’une voix étouffée révoquait peut-être dans les ténèbres fatales de l’alcôve de Saint-Leu ?

Lorsqu’entin on fait juger les conspirations par 

des conspirateurs émérites, et que le carbonarisme ancien envoie au Mont-Saint-Michel le carbonarisme nouveau, ne peut-on pas croire que c’est l’écho de la morale de l’athéisme politique ({u’on entend retentir dans l’athéisme de la littérature ?

Reste à examiner un point d’une haute importance.