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SENSATIONS


D’UN VOYAGEUR ENTHOUSIASTE

I

DU RHIN AU MEIN


(1838-1840)


INTRODUCTION


Pourquoi le public supporte-t-il les feuilletons de théâtre les plus insipides, les analyses les plus nues, les chroniques théâtrales les plus minutieuses ? C’est que, d’après l’article, il ira voir la pièce, ou bien qu’il en saura assez pour se dispenser de la voir. Le goût des voyages n’est pas aujourd’hui moins répandu que le goût du spectacle, et l’on tient à recueillir plusieurs avis, car chacun voit à sa manière, et les impressions sont plus diverses encore entre les voyageurs qu’entre les critiques.

Cela est tellement vrai, qu’il y a eu des temps où l’impression de voyage n’existait pas. Chapelle et Bachaumont n’ont vu que des tables plus ou moins bien servies dans les diverses provinces de France ; ajoutez-y comme couleur locale le Suisse avec sa hallebarde, peint sur la porte de Notre-Dame de la Garde, et, comme poésie, toutes les rimes du Château d’If, et