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APPENDICE.

même les villes d’une moindre étendue, ainsi qu’un petit nombre de ceux qui se trouvent dans les villages, sont de petits marchands, des artisans ou bien des domestiques ; leur salaire est très-minime, et presque généralement il est insuffisant pour les nourrir, eux et leurs familles.

Leur principale nourriture est du pain de millet ou du maïs, du laitage, du fromage mou, des œufs et des petits poissons salés nommés fiseck. Ils se nourrissent aussi de concombres, de melons et de gourdes que l’on a en abondance, d’oignons, de poireaux, de fèves, de pois chiches, de lentilles, de dattes fraîches ou séchées, et de légumes marinés. Ils mangent les légumes toujours crus ; les paysans se régalent quelquefois d’épis de maïs presque mûrs qu’ils font rôtir devant le feu ou cuire au four. Le prix du riz ne permet pas aux paysans d’en manger ; il en est de même de la viande.

Le grand luxe de ces gens simples est le tabac, peu coûteux, qu’ils cultivent et font sécher eux-mêmes. Ce tabac est verdâtre, et son arôme est assez agréable.

Quoique toutes les denrées dont il est question ci-dessus soient à bon marché, les personnes pauvres ne peuvent guère se procurer autre chose que du pain grossier qu’elles humectent dans un mélange nommé sukkah, qui est composé de sel, de poivre et de zalaar (espèce de marjolaine sauvage), ou bien de menthe ou de graine de cumin. À chaque bouchée, le pain est trempé dans ce mélange. — En songeant combien est pauvre la nourriture des paysans égyptiens, on est étonné de voir leur air de santé, leur structure robuste et la somme de travail qu’ils peuvent supporter.

Les femmes des classes inférieures sont rarement inactives, et beaucoup d’entre elles sont vouées à des travaux plus pénibles que ceux des hommes. Leurs occupations consistent notamment à préparer la nourriture du mari, à aller chercher l’eau, qu’elles portent dans de grands vases sur la tête, à filer du coton, du lin ou de la laine, et à faire une espèce de gâteau rond et plat, composé de fumier de bestiaux et de paille