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LES FEMMES DU CAIRE



I

LES MARIAGES COPHTES



I — LE MASQUE ET LE VOILE


Le Caire est la ville du Levant où les femmes sont encore le plus hermétiquement voilées. À Constantinople, à Smyrne, une gaze blanche ou noire laisse quelquefois deviner les traits des belles musulmanes, et les édits les plus rigoureux parviennent rarement à leur faire épaissir ce frêle tissu. Ce sont des nonnes gracieuses et coquettes qui, se consacrant à un seul époux, ne sont pas fâchées toutefois de donner des regrets au monde. Mais l’Égypte, grave et pieuse, est toujours le pays des énigmes et des mystères ; la beauté s’y entoure, comme autrefois, de voiles et de bandelettes, et cette morne attitude décourage aisément l’Européen frivole. Il abandonne le Caire après huit jours, et se hâte d’aller vers les cataractes du Nil chercher d’autres déceptions que lui réserve la science, et dont il ne conviendra jamais.

La patience était la plus grande vertu des initiés antiques. Pourquoi passer si vite ? Arrêtons-nous, et cherchons à soulever un coin du voile austère de la déesse de Saïs. D’ailleurs, n’est-il pas encourageant de voir qu’en des pays où les femmes passent