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Adieu ! — Mais en quittant sa dépouille grossière,
Ton âme arrête encor, et se porte en arrière ;
Tu crains… Que peux-tu craindre au moment du trépas ?
Non personne jamais n’occupera ta place ;
Eh ! quel fils de la Terre osera sur ta trace,
S’élancer jusqu’aux cieux pour retomber si bas ?


*


Ô vous qu’il étonna dans sa noble carrière,
Contemplez le héros au moment du sommeil ;
De sa chute on le vit se relever naguère…,
Mais, hélas ! cette fois, c’est sa chute dernière,
Et son repos tardif n’aura plus de réveil.

Ah ! contemplez encor au moment qu’il expire,
Cette tête où siégea le destin d’un empire,
Cette bouche où tonna sa formidable voix,
Ce front vaste foyer de ses projets immenses,
Cette main dont l’effort écrasait des puissances,
Élevait des guerriers, ou pesait sur des rois.

Mais sa bouche est muette, et sa main impuissante,
Son front n’enferme plus une pensée ardente,
Et puisque le grand homme est au séjour des morts,
Il n’en restera plus bientôt que la mémoire….
Et le ver du cercueil aura rongé son corps,
Quand l’Envie à son tour voudra ronger sa gloire.