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Qu’entends-tu dans les camps ? C’est le bronze qui tonne :
Mais ton oreille est faite à ce bruit monotone ;
« Je crains peu, disais-tu du haut de ton pouvoir,
« Ces rois paralysés cherchant à se mouvoir,
« Esclaves révoltés, que mon regard farouche,
« Qu’un signe de ma main, ou qu’un mot de ma bouche
« Fera rentrer dans le devoir. »

Quand tu vis ce torrent, grossi par la tempête,
Si long-temps refoulé, refluer sur ta tête,
Le dépit éclata dans ton œil irrité :
Arrête ! as-tu crié : Mais toujours il s’avance ;
Hélas ! ange déchu, pour toi plus d’espérance,
Il est vrai que d’un Dieu tu gardes la fierté…
Mais tu n’en as plus la puissance.


*

Nos guerriers, où sont-ils ? Ô tableaux déchirans !
Les voilà, renversés sur la terre flétrie,
Sanglans, criblés de coups, abattus, expirans…
Mais expirans pour la patrie !

Adieu notre avenir, nos succès, notre orgueil !
Waterlô, Mont-Saint-Jean, nos légions mourantes
Ont jeté leurs débris dans vos plaines sanglantes ;
Pourtant aucuns tombeaux élevés par le deuil,