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Elle part, renversant des bataillons entiers,
Fait pleuvoir son courroux au milieu des guerriers,
Dont les corps mutilés roulent dans les abîmes,
Et semble s’acharner sur ses tristes victimes.

Partout c’est l’ennemi, partout c’est le trépas ;
Comme d’affreux volcans, ces roches menaçantes
Vomissent sur nos preux des flammes dévorantes,
Et se couronnent de soldats :
Mais ce spectacle encor ranime leur vaillance ;
Vers ces rochers en feu leur foule qui s’élance
N’attend point le trépas, mais veut l’aller chercher,
Et bientôt roule terrassée,
Comme la vague au loin vers les cieux élancée,
Qui retombe au pied du rocher.

Mais, ô valeur sublime, et qu’on ne pourra croire !
Ces mourans décharnés, sans armes, abattus,
Par le froid, par la faim, tour-à-tour combattus,
Partout sur leurs rivaux remportent la victoire :
Montrant que le Destin, sur de nobles vainqueurs ;
Aux lâches quelquefois peut donner l’avantage ;
Mais que souvent, malgré le sort et le malheur,
La force ne peut rien où règne le courage.