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II

SOUVENIRS DE THURINGE.


À ALEXANDRE DUMAS.

I. L’opéra de Faust à Francfort.

Je vais avec peine — et plaisir, — vous rappeler des idées et des choses qui datent déjà de dix années. Nous étions à Francfort sur Mein, où nous avons écrit chacun un drame dans le goût allemand. — J’y reviens seul aujourd’hui.

La ville n’a guère changé malgré les révolutions ; les promenades qui l’entourent depuis 1815, et qui remplacent ses fortifications, ont seules gagné de l’ombrage et de la fraîcheur, Arrivé le soir, par le chemin de fer de Mayence, j’étais, du reste, plus avide de spectacle que de promenades, et je me suis informé bien vite de ce qu’on jouait au grand théâtre. — On jouait Faust avec la musique de Spohr.

Nous avions si souvent discuté ensemble sur la possibilité de faire un Faust dans le goût français, sans imiter Goëthe l’inimitable, en nous inspirant