monie d’ensemble que l’on admire sur les plus petites scènes de l’Allemagne.
Toutefois cette épithète ne peut être donnée à celle de Manheim. Nous songions avec un saint respect, auquel aidait du reste l’obscurité du lieu, que ce fut à ce théâtre même que l’on représenta les premiers drames de Schiller. La répétition qui avait lieu devant nous montrait que ce noble théâtre n’avait pas dégénéré.
Dès que M. Jerrmann fut averti de notre présence, il vint à nous, se félicita surtout de faire la connaissance d’un auteur dont il avait traduit plusieurs ouvrages, et voulut bien nous montrer la ville en détail. Nous visitâmes la résidence tout à fait royale des vastes jardins qui côtoient le Necker, prêt à se jeter dans le Rhin ; nous admirâmes la disposition des massifs de verdure, les longs chemins sablés qui vont se perdre au bord du fleuve, les pelouses touffues, et ce cercle d’eaux vives qui partout encadre l’horizon ; mais nous fûmes distraits facilement de cette admiration, lorsque M. Jerrmann nous apprit que dans ces jardins mêmes, le long d’une de ces allées, Carl Sand s’était rencontré avec Kotzebue, qu’il devait frapper trois heures plus tard, et, sans le connaître, avait croisé sa marche plusieurs fois.
Je ne prétends pas raconter cette histoire si connue, que d’ailleurs l’autre plume, plus sûre et plus dramatique, a nouvellement retracée dans tous ses