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François, que pourtant Napoléon a réduit à n’être plus qu’empereur d’Autriche, et non d’Allemagne. Ce qu’il y a là de merveilleux, c’est que la salle ne contenant, en effet, que trente-deux niches, l’empire a fini juste au trente-deuxième empereur. On parle de gagner sur l’épaisseur du mur une trente-troisième niche pour le César actuel ; mais nous sommes certains que l’empereur d’Autriche se refusera à cette plaisanterie de mauvais goût. Il n’y a plus de César au monde, et Napoléon lui-même n’en a été que le fantôme éblouissant !

On me permettra de ne point dire en quelle compagnie nous fîmes un jour une excursion dans la principauté de Hesse-Hombourg, ni à quelle charmante fête nous primes part dans un château gothique tout moderne, au milieu d’une épaisse fui et de chênes et de sapins. Je croyais faire un de ces romanesques voyages de Wilhelm Meister, où la vie réelle prend des airs de féerie, grâce à l’esprit, aux charmes et aux sympathies aventureuses de quelques personnes choisies. Le but de l’expédition était d’aller à Dornshausen, mot qui, dans la prononciation allemande, se dit à peu près Tournesauce. Or, savez-vous ce que c’est que ce lieu, dont le nom est si franchement allemand et si bizarrement français à la fois ? C’est un village où l’on ne parle que notre langue, bien que l’allemand règne à cinquante lieues à la ronde, même en dépassant de beaucoup