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qui a vu les hôtels de la ville de Flandre. Les salles basses sont remplies de boutiques et d’étalages, comme l’était notre palais de justice de Paris, et la décoration des salles conservées est plus curieuse que brillante. La plupart ont été décorées, dans le courant des deux siècles derniers, avec des plafonds, des panneaux et des sculptures d’un rococo allemand fort bizarre. Les salles des sénateurs, des bourgmestres, des conseillers, etc., appartiennent à ce goût suranné qui par toute l’Allemagne a fleuri si hardiment dans l’intérieur des édifices gothiques. Une seule salle, la fameuse salle des Empereurs, conserve encore sa configuration primitive ; mais on l’a si singulièrement peinte qu’elle a maintenant tout l’effet d’un décor moyen âge de l’Ambigu.

Cette salle n’a nullement, du reste, le caractère imposant qu’on pourrait lui attribuer. Les Guides du voyageur annoncent qu’elle contient les statues et les armures de trente-deux empereurs d’Allemagne ; mais il faut bien dire que tout cela n’existe qu’en peinture. Les trente-deux niches, qui répondent à autant de nervures partant de la voûte et que relient des arcs-boutants de bois sculpté, sont peintes uniformément en couleur de marbre blanc et noir, et sur la muraille même les statues des empereurs sont figurées en trompe-l’œil, à dater, je crois, du grand Witikind jusqu’à feu l’empereur