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Voici à peu près la physionomie de cette ville.

Francfort est entourée, depuis 1815, d’une ceinture de promenades qui remplacent ses antiques fortifications. Quand on a parcouru ces allées riantes qui aboutissent de tous côtés aux bords du Mein, on peut s’aller reposer dans l’île verte et fleurie du Mainlust. C’est là le centre des plaisirs de la population, et aussi le rendez-vous des belles compagnies. Du pavillon élégant qui domine ce jardin on admire une des plus belles perspectives du monde, la vue de Francfort s’étendant sur la rive gauche, avec ses quais bordés d’une forêt de mâts, et du faubourg de Sachscnbausen situé à droite, qu’un pont immense joint à la ville ; des palais aux riantes terrasses, de longues suites de jardins et des restes de vieilles tours embellissent les bords du fleuve, où le soleil couchant se plonge comme dans la mer, landis que la chaîne du Taunus ferme au loin l’horizon de ses dentelures bleuâtres. C’est une de ces belles et complètes impressions dont le souvenir est éternel ; une vieille ville, une magnifique contrée, une vaste étendue d’eau : spectacle qui réunit dans une harmonie merveilleuse toutes les œuvres de Dieu, de l’homme et de la nature.

Dès qu’on pénètre dans les rues, on retrouve avec plaisir cette physionomie de ville gothique qu’on a rêvée pour Francfort, et que le goût moderne a presque partout altérée dans les cités allemandes. Il y a