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qui ait conçu cette idée assez naturelle : un bal masqué au printemps, un bal qui commence aux splendides lueurs du soir, qui finisse aux teintes bleuâtres du matin ; un bal où l’on entre gaiement, d’où l’on sorte gaiement, admirant la nature et bénissant Dieu. Des masques sur les gazons, le long des terrasses venant et disparaissant par les routes ombragées ; des salles ouvertes à tous les parfums de la nuit, des rideaux qui flottent au vent, des danses où l’haleine ne manque pas, où la peau garde sa fraîcheur ! tout cela n’est-il qu’un rêve de jeune homme que la mode refusera toujours de prendre au sérieux ? L’hiver n’a-t-il donc pas assez des concerts et des théâtres sans prendre encore les bals et les mascarades à l’été ?


V. Lichtenthal.

La route de Lichtenthal se couvre d’équipages, de promeneurs, de cavaliers ; on y voit tout le mouvement, tout le luxe, tout l’éclat d’une promenade parisienne. Lichtenthal est le Longchamp de Baden. C’est le nom d’un couvent de religieuses augustines qui chantent admirablement. Leurs prières sont des cantates, leurs messes des opéras. Cette retraite romanesque, cette Chartreuse riante, est, dit-on, l’hospice des cœurs souffrants. On y vient guérir des grandes amours ; on y passe un bail