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violons, qui viennent même accompagner les repas de tables d’hôte. On dîne de midi à une heure. À peine êtes-vous admis à consommer une soupe aux boulettes ou un bouilli aux betteraves, que vous voyez six individus qui viennent s’asseoir derrière vous, à une table ronde où ils étalent leur partition, et se mettent à exécuter avec verve une ouverture, une valse, ou même une symphonie. La musique doit se joindre à tous les assaisonnements bizarres dont s’accompagne forcément la cuisine allemande, qui est encore aujourd’hui la cuisine de Strasbourg.

II. La Forêt-Noire.

J’entame ce chapitre sur un point bien délicat, que nul touriste n’a encore osé toucher, ce me senble, hormis peut-être notre vieux d’Assoucy, le joueur, le bretteur, le goinfre, enfin le plus aventureux compagnon du monde. C’est à savoir le cas plus ou moins rare où un voyageur se trouve manquer d’argent.


Faute d’argent, c’est douleur sans pareille,


comme disait François Villon.

En général, les impressions les plus déshabillées se taisent à cet endroit ; ces livres véridiques ressemblent aux romans de chevalerie, qui n’oseraient