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se mettent fort bien. Nous ne pouvons faire le même éloge des hommes, qui manquent, en général, d’élégance dans les manières et de distinction dans les traits. La garnison a beau jeu près des dames, si les dames ne sont pas comme leur ville, imprenables. On ne rencontre plus à Strasbourg ces vêtements pittoresques des paysans de l’Alsace, qui nous étonnent encore le long de la route ; mais un grand nombre de femmes du peuple portent, le dimanche, des ajustements très brillants et très variés : les uns se rapprochent du costume suisse, les autres même du costume napolitain. Des broderies d’or et d’argent éclatent surtout sur la tête et sur la poitrine. L’harmonie et la vivacité des couleurs, la bizarrerie de la coupe, rendraient ces costumes dignes de figurer dans les opéras.

C’est dans les brasseries, le dimanche, qu’il faut observer la partie la plus grouillante de la population. Là, point de sergents de ville, point de gendarmes. Le cancan règne en maître au militaire et au civil ; les tourlourous s’y rendent fort agréables ; les canonniers sont d’une force supérieure, et les femmes en remontreraient aux Espagnoles et aux bayadères pour la grâce et la liberté des mouements. Il existe pourtant des brasseries qui se rapprochent davantage de nos cafés ; mais la musique y élit domicile, soit que l’on danse ou non. Strasbourg est parcouru à toute heure par des bandes de