Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/382

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quant à la décoration dite de Cicéri, elle nous avait forcé de supprimer un tiers de l’acte ; — attendu qu’il était impossible, dans un caveau, de faire les évolutions qu’auraient permises une scène ouverte à plusieurs plans.

Le quatrième acte, réduit à ces proportions, ne justifia pas les craintes qu’avait manifestées la direction des Beaux-Arts.

Heureusement le talent des acteurs enleva le cinquième acte, qui présentait des difficultés. Le mot le plus applaudi de la pièce avait été celui-ci, qui était prononcé par un étudiant : « Les rois s’en vont… je les pousse ! » Le tonnerre d’applaudissements qui suivit ces mots bien simples cependant provoqua cette phrase de Harel : « La pièce sera arrêtée demain… mais nous aurons eu une belle soirée. » L’effet froid du quatrième acte rajusta les choses. Harel, qui espérait peut-être une persécution, ne l’obtint pas.

Toutefois, il réclama au ministère une indemnité — pour le retard que les exigences de la censure avaient apporté aux représentations et les pertes qu’il avait faites, — faiblement compensées par l’avenir qu’offrait l’éléphant attendu par lui.

Au bout de trente soirées d’été, je vis avec intérêt cet animal succéder aux représentations du drame. Les seize ouvriers, — qui coûtaient cher, furent congédiés, — et je résolus d’aller me retremper en Allemagne, aux vignes du Danube, des ennuis que m’avaient causés les vignes du Rhin.

Le Rhin est perfide ; — il a trop de lorelys qui chantent le soir dans les ruines des vieux châteaux ! — Quant au Danube, quel bon fleuve ! il me semble aujourd’hui qu’il roule dans ses flots des saucisses (würstl) et des gâteaux glacés de sel.

Ceci est un souvenir de Vienne……


________