Harel disait continuellement : « J’ai commandé le décor à Cicéri. On le posera aux répétitions générales. »
On le posa l’avant-veille de la représentation.
C’était un souterrain, fermé, avec des statues de chevaliers, pareil à celui dans lequel on avait joué jadis le Tribunal secret, à l’Ambigu.
Peut-être encore était-ce le même qu’on avait racheté et fait repeindre.
Je m’étais mis dans la tête de faire exécuter dans la pièce les chants de Kœrner, rendus admirablement en musique par Weber. — Je les avais entendus : je les avais répétés en traversant à pied les routes de la Forêt-Noire, avec des étudiants et des compagnons allemands. Celui de la Chasse de Lutzow avait été originairement dirigé contre la France ; mais la traduction lui faisait perdre ce caractère, et je n’y voyais plus que le chant de l’indépendance d’un peuple qui lutte contre l’étranger. Celui de l’Épée était reproduit dans le chœur du quatrième acte.
J’avais consulté Auguste Morel sur les possibilités d’exécution de ces morceaux. Il voulut bien arranger une partition convenant aux règles du théâtre, et pour laquelle il fallait nécessairement seize choristes.
Nous pensâmes aux ouvriers de Mainzer et à ceux de l’Orphéon. J’étais allé trouver les chefs de chœur dans leurs ateliers et dans leurs pauvres mansardes, et ils m’avaient donné libéralement leur concours moyennant seulement le prix de leurs journées que les répétitions leur faisaient ordinairement perdre. — Ils perdirent un mois.
Harel, un peu gêné pour le payement des figurants ordinaires, les réduisit au nombre qui était indispensable, et les ouvriers se trouvaient forcés relativement de figurer, et de faire les évolutions ordinaires des comparses. Ils ne représentaient, du reste, que des étudiants et avaient peu à faire. Toutefois, l’inexpérience nuisait souvent aux effets de la mise en scène.
Ils étaient ravis des deux chants populaires, — qui sont restés dans les concerts orphéonistes.
Le soir de la première représentation j’étais inquiet des acces-