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IV. — Amsterdam et Saardam.

L’entrée d’Amsterdam est magnifique : à deux pas du débarcadère on passe sous une porte hardiment découpée, qui semble un arc-de-triomphe, puis on a une demi-lieue à faire avant de gagner la place du Palais. De temps en temps on traverse les ponts des canaux, qui font d’Amsterdam une Venise régulière dessinée en éventail. Les canaux forment, comme on sait, une série d’arcs successifs dont le port est l’unique corde. La ville est trop connue pour qu’il soit nécessaire de la peindre plus minutieusement. Les grands bassins qui coupent ça et là le dessin dont je viens de donner une idée sommaire sont, comme à Rotterdam et à La Haye, bordés de magnifiques tilleuls qui se découpent en vert sur les façades de briques, dont quelques-unes sont peintes, mais où les pignons dentelés, festonnés et sculptés du vieux temps se sont conservés mieux qu’en Belgique. On a peint et décrit les bords de l’Amstel où les couchers de soleil sont si beaux, le groupe de tours qui s’élève entre le port et le grand bassin, les hautes flèches découpées à jour des anciennes églises devenues temples protestants, — et que l’on peut toujours comparer à ces coquillages splendides où l’oreille attentive croit distinguer un vent sonore, mais d’où la vie qui leur était propre s’est retirée depuis longtemps.