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passant en criant : « Dis donc, monsieur ! » L’une vous enlève votre chapeau, l’autre votre manteau, la troisième vous enlève vous-même avec la force que l’habitude du lessivage des maisons et des frottements du cuivre peut communiquer à de si beaux bras, et, quoi qu’on fasse, on se trouve bientôt attablé dans un de ces cabinets-alcôves, dont il était difficile d’abord de deviner la destination.

Une fois que vous vous êtes laissé servir un plat de crème frite imprégnée de sucre et de beurre, ou des gaufres, ou toute autre pâtisserie qu’il faut digérer à l’aide de plusieurs tasses de café ou de thé, ces belles du Nord reprennent leur vertu et ne se montrent pas moins sauvages que des cigognes d’Héligoland. D’ailleurs la police l’exige. — C’est une singulière race que ces Frisonnes si grandes, si blanches, si bien découplées, et si différentes d’aspect des Hollandaises ordinaires. On ne peut mieux les comparer, je crois, qu’à nos Arlésiennes, en faisant la différence de la couleur et du climat. Sont-ce là les nixes d’Henri Heine ou les cygnes des ballades Scandinaves ? Elles sont très-vives, très-spirituelles même, et n’ont rien du calme flamand ; cependant on sent une certaine froideur sous cette animation, qui étincelle comme les prismes irisés de la neige aux rayons d’un soleil d’hiver.

En Hollande, on boit le café comme du thé ; seulement il est plus léger que chez nous. — Je sentis