Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/337

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sieur, » répondis-je. Et j’admirai cette émulation artistique des deux pays, même dans les bureaux de la police.

II. — D’Anvers à Rotterdam.

Je n’étais donc pas destiné à figurer parmi les proscrits internés à Bruxelles ou dans les autres localités. Du reste, on s’aperçoit à peine de la présence d’un si grand nombre de nos compatriotes : on ne les voit ni dans les cafés, ni dans les lieux publics, ni presque dans les théâtres. La société belge n’a pas, comme on sait, de réceptions ou de soirées, et c’est dans les cercles seulement que tous les partis se rencontrent sur un terrain commun. — Êtes-vous libéral ? — Êtes-vous clérical ? — Ce sont les questions à l’ordre du jour. Et les Français n’ont pas même à choisir, car ces divisions sont entendues autrement qu’elles le seraient chez nous.

Après tout, l’impression qu’on emporte de Bruxelles est triste. J’ai plus aimé cette ville autrefois ; je me suis trouvé heureux de respirer plus librement, au bout d’une heure, dans la solitude des rues d’Anvers. J’avais encore admiré en passant les aspects charmants du parc anglais de Laeken ; Malines, plus belle en perspective qu’en réalité ; les bras de l’Escaut miroitant au loin dans leurs berges vertes et les champs de seigle ondoyant, rayés des bandes jaunes du colza en fleur. Le houblon grim-