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taitun dimanche, et la kermesse d’Ixelles était annoncée aux coins des rues par d’immenses affiches.

Ixelles est un bourg situé à dix minutes de la porte de Louvain. La procession ne tarda pas à en envahir les rues, également parées de branches vertes et de poteaux soutenant de longues bandes aux couleurs nationales. Ce fut dans l’église, neuve et magnifiquement décorée, que la procession vint s’absorber tout entière pour entendre un office à grand orchestre. Les sociétés et les corporations se dirigèrent ensuite vers leurs locaux respectifs. — Les kermesses de Belgique inspireraient difficilement aujourd’hui un nouveau Rubens ou même un nouveau Téniers. L’habit noir et la blouse bleue y dominent, — ainsi que, pour les femmes, les modes arriérées de Paris. On y boit toujours de la bière, accompagnée de pistolets beurrés et de morceaux de raie ou de morue salée découpés régulièrement et qui poussent à boire. La musique et les pas alourdis des danseurs retentissent dans de vastes salles avec moins d’entrain qu’à nos cabarets de barrière, mais, pour ainsi dire, avec plus de ferveur. Le beau monde se dirigeait vers des casinos situés le long d’un étang chargé de barques joyeuses, et qui figure en petit celui d’Enghien. Bruxelles est la lune de Paris, aimable satellite d’ailleurs, auquel on ne peut reprocher que d’avoir perdu, en nous imitant, beaucoup de son originalité brabançonne. La fête d’Ixelles