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était on brique ou en pierre, et si les ogives qui surmontent les longues fenêtres avaient été autrefois aussi simples qu’aujourd’hui, car les anciennes estampes les représentent contournées et lancéolées dans le goût du gothique efflorescent. On peut penser que les dessinateurs du seizième siècle ont voulu parer le monument plus que de raison, et que les arcs d’ogive ont toujours eu cette simplicité de bon goût. J’ai été assez heureux pour pouvoir raconter au savant poëte une légende que j’avais recueillie dans un précédent séjour à Bruxelles. — L’architecte qui construisit cet hôtel de ville eut le désagrément d’abord de ne pouvoir accomplir son œuvre. L’aile gauche, établie sur un terrain peu solide, s’écroula tout entière. On pensa qu’il s’agissait d’un terrain marneux, et on planta des pilotis : la construction s’effondra une seconde fois, laissant paraître un vaste abîme. On crut qu’il y avait là d’anciennes carrières, et l’on y versa des tombereaux de gravois ; mais plus on en versait, plus le trou devenait profond. Enfin le malheureux architecte fut contraint de se donner au diable. Dès lors les constructions s’élevèrent avec facilité. Il mourut le jour même où l’on posait le bouquet sur le toit achevé, et l’on n’apprit qu’alors le fatal secret. L’archevêque de Malines fut appelé pour bénir l’édifice. Un craquement soudain se déclara dans les murs, et tout rentra bientôt dans le troisième dessous. On