Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/325

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de leur place, bien qu’il y ait une fort belle tribune d’acajou : et, quand la nuit arrive, on distribue partout des bougies, qui font ressembler l’amphithéâtre à un ciel étoilé. Le banc des ministres est garni de personnages assez majestueux. Il est souvent d’autant plus difficile à ces représentants de s’entendre, que beaucoup viennent de certaines provinces où l’on parle peu le français. J’ai été témoin de la colère d’un député wallon, qui se croyait insulté par le mot susceptible. — Est-ce que vous me croyez susceptible d’une mauvaise action ? criait-il au ministre. Il fallut lui prouver par le dictionnaire de l’Académie qu’il y avait des susceptibilités louables. Ce fut l’expression du ministre en lui donnant cette leçon de français.

Les représentants de Bruxelles ne sont point obligés de payer un cens, ils reçoivent une indemnité de 500 fr. par mois. Aussi ne manque-t-on pas de le leur rappeler souvent dans les journaux. Chaque fois que la chambre est moins nombreuse qu’à l’ordinaire, on leur reproche leurs 500 fr. de la façon la plus humiliante : — Allez donc à votre devoir, puisque vous êtes payés !… Quand on paye un domestique, il faut qu’il fasse son service !… Gagnez donc votre pain ! etc. — Telles sont les aménités qui se lisent dans les journaux belges. Il faut avouer aussi qu’elles sont fréquemment méritées, toute convenance à part.