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qui rappellent la gloire des Provinces-Unies. Les panneaux et les frises, splendidement dorés, ont conservé tout leur éclat ; les hautes cheminées chargées de glaces, d’attributs et de rocailles, n’ont subi aucune altération ; le goût misérable, l’économie de notre époque, ne paraît que dans la forme des chaises et dans l’étoffe des rideaux de calicot rouge à bordure imprimée. Ensuite imaginez une trentaine de messieurs fort laids, en habits, redingotes et paletots, assis autour d’une grande table verte et discutant sur la nécessité de rebâtir un palais de justice à colonnes et à frontons triangulaires, construit depuis vingt ans selon les règles de Vignole, et qui déjà menace ruine, discutant cela dans un édifice du douzième siècle et se querellant sur des centimes devant ces grands portraits qui les regardent en pitié. Voilà une séance de ce conseil municipal. Le public, rangé sur des chaises le long des murs, ne voit que le dos et les toupets divers de ces illustres citoyens, qui lisent des discours fort longs ou se livrent à des improvisations fort lentes. Le buste d’un nommé Rouppe, qui a été l’avant dernier bourgmestre de Bruxelles, jette sur l’assemblée des regards paternels.

Pour en finir avec les institutions politiques du pays, remontons la rue de la Madeleine et la Montagne de la Cour, traversons le parc dont les vieux arbres firent partie de l’antique forêt de Soignes, qui