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bourgeois de Bruxelles. On sait que cette figure est le palladium de Bruxelles, enlevé et caché plusieurs fois par des mains ennemies, et toujours miraculeusement rapporté sur son piédestal. Le Mannekenpis a eu toutes les aventures du Bambino de Naples, et ne présente toutefois aucun caractère religieux. Plusieurs souverains se sont plu à combler de faveurs ce personnage symbolique et difficilement définissable. Charles-Quint lui a donné la noblesse : Louis XIV l’a fait chevalier de Saint-Louis ; Napoléon l’a créé chambellan. Son costume actuel, qu’il ne revêt que dans les grandes fêtes, est celui d’officier de la garde civique ; le Mannekenpis est partisan de tous les régimes ; pourtant ce symbole de l’esprit bourgeois n’a point cessé d’être populaire.

En entrant dans l’hôtel de ville on se trouve au milieu d’une belle cour carrée ornée de groupes de sculpture en bronze et en marbre, dans le goût du xviie siècle. Au premier étage sont les vastes salles où régna tant de siècles cette fière bourgeoisie des Flandres, souvent asservie, rarement domptée. Que de révoltes, que de supplices sur cette place du Grand-Marché, si belle encore aujourd’hui ! que de drames républicains dans ces salles dorées comme le vieux Versailles, et que Louis XIV, Marie-Thérèse et Napoléon ont vues tour à tour telles qu’elles sont aujourd’hui. Les plafonds et les tapisseries présentent une foule de sujets historiques et allégoriques,