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chaude. Chacun peut descendre dans la crypte et s’y faire servir, gratis, une verre d’eau minérale que distingue un goût prononcé d’œufs pourris. Trois heures après vous quittez le duché du Rhin, en saluant les braves soldats de la Prusse, vêtus en Romains du Nord, avec des casques à pointes qu’on voit étinceler de loin. On traverse douze tunnels, espacés par de fraîches vallées où serpente un ruisseau paisible qui se plaint doucement dans les cailloux. On a laissé Spa sur la gauche, Verviers sur la droite ; — la ville de Liége apparaît du Coud de sa vallée, côtoyée par la Meuse qui se découpe entre les montagnes et la forêt des Ardennes, comme un long serpent argenté.

J’ai quitté le Rhin en infidèle, mais en infidèle reconnaissant. J’aurais pu gagner la Hollande en prenant les bateaux de Dusseldorf ; — on m’a dit que les rives s’aplatissaient au-delà de cette ville, que les bords marneux et sablonneux ne présentaient plus ces beautés solennelles qu’on n’admire pleinement que de Mayence à Cologne. J’ai cédé alors au désir de traverser la Flandre septentrionale et le Brabant, et je ne suis point fâché, certes, de m’arrêter à Liége pour un jour.

III. — Liége.

Allons vite au plus pressé, c’est-à-dire au plus beau.