Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
269
SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.


VI. — Les mêmes, MARGUERITE.


marguerite. Vous dites là des choses indignes, monsieur Frantz !… Je vous écoutais, j’attendais cela : vous trompez mon mari, monsieur ; vous vous vantez !… vous me déshonorez sans fruit, il ne vous croira pas ! Je vous avais accordé un entretien comme ami, non comme amant !… j’ai eu quelque pitié pour vous, non de l’amour !… vous vous êtes abusé bien tristement. Mon mari sait tout, je lui ai tout dit. Sortez donc, vous n’avez pas le droit d’être ici… Allez attendre à la porte, au coin d’une rue, celui que vous avez mission d’assassiner !

léo. Tu es une noble et digne femme !

marguerite. Votre femme, c’est le titre qui m’est le plus cher.

frantz. Madame !… vous me jugez mal… madame, je voudrais vous dire…

léo. Abrégeons. Demain, à midi, je n’appartiens plus à l’État… Vous pensiez sauver vos amis en m’arrêtant par un duel ; vous vous trompez : à l’heure qu’il est, ceux que vous appelez vos frères sont arrêtés, non comme conspirateurs, mais comme assassins du comte de Waldeck. Je puis témoigner que vous n’avez en rien participé à ce meurtre effroyable, mais vous ferez bien de vous éloigner au plus tôt ; voici un sauf-conduit ; partez, quittez le pays.