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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

marguerite. Vous savez ?

léo. Tout ! une blessure, c’est intéressant, je conçois…

marguerite. Léo ! plus un mot de cette affreuse raillerie, ou je meurs à vos yeux. Je vous parle fièrement, à présent !… Écoutez-moi ; depuis ce duel, j’ai revu M. Frantz, pour la première fois, à ce bal de la cour, où vous étiez… J’avais le cœur brisé de votre oubli, saignant de votre indifférence ! Il m’a avoué, je crois, qu’il m’aimait ; je n’ai pas bien entendu ; je ne sais ce que je lui ai dit… vous m’aviez blessée… je l’ai plaint, je crois… Frantz, un ancien ami… il courait à la mort ; il m’a demandé une dernière entrevue dans mon oratoire, devant Dieu ! Je pressentais un grand danger pour lui…comme pour vous… il devait m’expliquer tout.

léo. Eh bien ! vous l’avez vu ?

marguerite. Un instant ; vous veniez de partir… il m’a dit deux mots qui m’ont froissée. Oh ! que je vous aimais en ce moment ! Allez, mes pleurs étaient sincères. Il a lui, je n’ai pas compris… en me criant qu’il allait revenir.

léo. Cette nuit ?

marguerite. Oui, je crois… Léo ! je ne vous quitte pas ; mais ne craignez rien… cela, c’est impossible.

léo. Qui vous dit que je craigne ?… C’est bien… je crois tout ce que vous me dites, c’est bien : je vous demande pardon de vous avoir si mal jugée…