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LORELY

le jour de cet homme n’était pas venu, et le sang de Frédéric Staps devint le baptême de notre Union de Vertu[1]. Quatre ans plus tard, les princes nous crièrent encore : Il est temps, levez-vous !… Toutes les épées étaient aux mains du vainqueur ; nous en fîmes fabriquer d’autres avec le fer des charrues ; mais, en commandant son épée, chacun de nous commanda un poignard du même fer à l’ouvrier qui la forgeait. Les épées nous ont conduits jusqu’au cœur de nos ennemis, et nous les avons frappés au cœur ; les poignards nous conduiront jusqu’aux cœurs de nos maîtres, et nous les frapperons de même !… Le moment est venu ! À nos prières, à nos menaces, on a répondu par l’amende, par la prison, par la mort ! Hier encore, et c’est par toute l’Allemagne comme ici, les compagnons de la landwerth, les braves de 1813, ont été dépouillés de leurs armes. Frères ! on a brisé l’épée, mettons au jour le poignard !…

tous. Vive l’Allemagne !

l’accusateur. Je n’ai plus qu’un mot à vous dire : cette ordonnance émane du prince. J’accuse le prince de forfaiture et de trahison.

léo (se levant). Et moi je le défends, messieurs !

le chevalier (bas). Dites frères ! et déguisez votre voix, ou vous nous perdez.

  1. Tugenbund