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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

naire, c’est la retraite des voleurs sans asile ; aujourd’hui ils ont cédé la place ; ils se sont envoles comme des hibous effrayés par la lumière… à moins, toutefois, qu’ils ne soient restés pour faire les honneurs du lieu à tous ces intrus ! Je gage qu’il s’en cache plus d’un sous ces capes d’étudiants !

léo. Quel singulier spectacle ! une conspiration sous ces voûtes humides, aux pieds de ces statues de chevaliers saxons ; sous ces colonnes lourdes, taillées du temps de Charlemagne…

le chevalier. Pardon, c’est du pur byzantin ; cette architecture remonte au sixième siècle, les statues sont plus modernes…

léo. Et c’est ici, monsieur l’antiquaire, qu’ils veulent tenir leur conseil suprême, leur tribunal, n’est-ce pas ?

le chevalier. Oui, c’est ici ! Pardon… vous m’avez rappelé, par ce mot, aux délices de ma jeunesse ! C’est ainsi que je descendais, à la lueur des flambeaux, sous les voûtes d’Herculanum et d’Aquilée, j’allais y chercher des urnes, des statues, des choses antiques, comme ces jeunes fous viennent y méditer des pensées d’un autre temps, des idées perdues !

léo. En effet ! la liberté ne sort pas par ces voies ténébreuses : elle aime le plein jour, le grand soleil, et lève ses bras nus dans un ciel d’azur ! Toutefois, ce spectacle m’émeut profondément : n’y a-t-il pas