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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

les séances du tribunal secret ?… Les cachots sont par là, tiens ; la porte est faite d’un seul bloc de pierre, et il faut trois hommes seulement pour la faire tourner sur ses gonds. Ici les nobles seigneurs s’asseyaient en nombre impair ; voici leurs sièges de rocher. Les condamnes tombes en leur pouvoir entraient par cette porte. Il en était d’autres que les juges ne pouvaient atteindre qu’avec la pointe d’un poignard ; ceux-là mouraient plus vite et souffraient moins.

flaming. Eh bien ! étudie mieux tes livres, et tu verras que ces terribles seigneurs étaient, comme nous, des ennemis de la tyrannie ; qu’ils frappaient l’oppresseur étranger ou le prince félon que la loi ne pouvait atteindre ; et que ce tribunal ne versait que le mauvais sang.

roller. Oh ! toi, l’on te connaît : quand il s’agit de noblesse, tu es prêt toujours à contrarier toutes nos idées. Ce n’étaient pas des manants, à coup sûr, qui jugeaient les tyrans dans de si belles salles ornées de statues et d’armures ?… Les manants n’ont jamais fait construire de châteaux.

flaming. Qui te dit le contraire ?… Mais ce fut la noblesse qui comprit toujours le mieux l’indépendance.

roller. Pour elle-même, soit.

flaming. Et pour le peuple aussi ; mais la bourgeoisie est l’humble servante des princes, et c’est