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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

léo. Jamais, monsieur, jamais !

le chevalier. Alors vous tomberez… monseigneur.

léo. Mais, dans cette prévision, comment pouvez-vous me servir ?

le chevalier. Parce que plus je vous aurai été utile, plus je serai nécessaire à votre successeur…

léo. Vous avez raison, et je puis me lier à vous. Ainsi, ce soir, à huit heures, au premier refrain de ce chant qui doit servir de signal… venez me prendre, et conduisez-moi.

le chevalier. J’y serai.


VIII. — LÉO, seul.


léo (seul). Ah !… me voilà donc arrivé au bout de mon rêve ! Je n’aurais pas cru pouvoir sitôt regarder ma carrière de l’autre côté de l’horizon. Ô ma belle vie ! ô ma réputation sainte !… je vous ai donc laissées en lambeaux tout le long du chemin à ces buissons infâmes dressés par la calomnie ! Et cet homme… cet homme, que j’appelais mon prince, et qui m’appelait son ami ! cet homme à qui j’ai tout sacrifié : tranquillité, réputation, bonheur privé… et qui, pour tout remerciement, vient essayer de me mordre le cœur avec un soupçon !… Marguerite ! Marguerite !… oh ! je n’ai pas même une inquiétude ! mais je souffre. (La nuit est tombée ; il est