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LORELY

le prince. Eh bien !… vous vous trompez ! Soit hasard, soit prévoyance, les chefs sont libres… Vous avez rendu une ordonnance pour le désarmement de la landwerth… et l’arrestation des chefs… c’est vrai, vous l’avez rendue, monsieur ; mais c’est moi qui l’ai signée. C’est à mon nom que va s’en prendre la haine de ces anciens soldats et de ces jeunes rebelles… À l’heure qu’il est, ceux qui vous ont échappé et dont vous ignorez la retraite… trop peu nombreux pour faire une révolution, vont tenter un assassinat ! Contre qui ? contre moi, monsieur. En venant ici, j’ai probablement été suivi… en sortant, je serai assassiné peut-être.

léo. Assassiné !…

le prince. Eh ! mon Dieu ! c’est possible. Vous voyez, au reste, de quelle manière j’en parle… Au jeu que nous jouons tous les deux, vous tenez les cartes… et c’est moi qui perds ou qui gagne. Ce que je vous ai dit, monsieur, est donc à titre d’observations que vous êtes libre de ne pas écouter.

léo. Oh ! monseigneur…

le prince. Je ne dis pas que vous faites fausse route, mon cher Burckart ; je dis seulement que vous marchez en aveugle… et cela, par celle détermination étrange que vous avez prise d’éloigner de vous tous les moyens de gouvernement ordinaires… Là-bas, vous croyez avoir réussi par votre éloquence, n’est-ce pas ? eh bien ! sur vos neuf voix, quatre