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LORELY

que je vous rends visite… Un jour, j’ai frappé comme aujourd’hui à une porte en demandant Léo Burekart… alors c’était pour lui confier le soin des affaires publiques et de ma propre sûreté.

léo. Et aujourd’hui, je suis prêt à répondre de ma conduite, monseigneur ; et j’aime mieux que ce soit ici qu’autre part. Cette demeure n’est pas beaucoup plus riche que celle où vous m’avez rencontré pour la première fois ; cet habit est le même, et le cœur qu’il recouvre bat aujourd’hui, ainsi qu’alors, pour la liberté de l’Allemagne !

le prince. Mais, comme chacun entend ce mot de liberté à sa manière, les uns vous accusent de la servir trop ardemment, les autres, de l’avoir trahie !

léo. En acceptant le pouvoir, monseigneur, me suis-je un instant dissimulé ce résultat inévitable ? La pensée pure et droite appartient au ciel, et l’action lente et pénible appartient à la terre ; ce que j’ai écrit dans d’autres temps, j’espère encore le réaliser ; mais qui me voit marcher aujourd’hui par des chemins difficiles, peut douter que je tende toujours au but, où l’imagination m’emportait autrefois sur ses ailes ! Je veux accomplir, par des voies pacifiques, ce que d’autres espèrent obtenir plus vite par des conspirations, par des révoltes. Je me vois forcé de combat tri’à la fois des haines calculées et des sympathies imprudentes…

le prince. Et maintenant vous êtes tranquille ;