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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

léo. Je le sais depuis mon retour seulement… Son Altesse me l’a dit elle.-même.

diana. Ah !… il vous l’a dit.

léo. Hélas ! qu’est-ce que cela prouve ?… Puisque vous me forcez de parler politique avec vous, madame, je vous dirai que la raison d’État n’a pas de cœur… Les princes, vous le savez bien, ne se marient pas ; ils s’allient… Heureux encore ceux que la diplomatie n’est pas venue fiancer au berceau, et qui ont eu le temps de goûter d’un amour libre et mutuel.

diana. Très-bien ! et j’aurais dû m’atlendre à tout cela… Voilà comme vous me remerciez de ce que j’ai fait pour vous.

léo. Peut-être vous ai-je de grandes obligations, madame ; et alors je vous ferai un reproche, c’est de me les avoir laissé si longtemps ignorer.

diana. Vous êtes oublieux, monsieur… c’est une des qualités des fortunes qui s’élèvent vite, que de ne plus se souvenir de ceux qui ont aidé à leurs commencements.

léo. Oh ! je crois vous entendre, madame… vous voulez parler du jour où le prince est venu chez moi.

diana. Qui l’y a conduit ?… Voyant le désespoir de votre famille, les larmes de Marguerite… qui a été le chercher ? Ah ! vous avez cru qu’il était venu de lui-même et pour admirer l’auteur pseudonyme