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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

je ne t’en aime pas moins pour cela ; mais la nécessité est là, il faut y céder… Adieu, mon enfant.

marguerite (seule). Un baiser froid comme son cœur.


XIX. — MARGUERITE, FRANTZ.


frantz. Madame !

marguerite. Frantz !… vous nous écoutiez, monsieur !

frantz. Je n’entendais pas ; mon cœur est tout bouleversé. Ne me repoussez pas cette fois. Un mot, un mot terrible ! et plus tard tout vous sera dit.

marguerite. On va nous remarquer, monsieur.

frantz. Je vous ai parlé, n’est-ce pas, de ce pouvoir suprême et mystérieux auquel il fallait que j’obéisse… eh bien ! il est venu me chercher jusqu’au milieu du bal, jusque sous vos yeux. Un homme m’a remis un billet. Demain, Marguerite, demain, à minuit, une chose terrible se décidera, qui va m’envelopper, m’entraîner, m’emporter loin de vous ; peut-être pour longtemps, peut-être pour toujours.

marguerite. Eh bien ! nous serons malheureux chacun de notre côté, voilà tout ; un peu plus de souffrance, qu’importe ?

frantz. Oui ; mais je ne veux pas vous quitter ainsi, Marguerite ; je ne veux pas, si l’avenir me garde le sort de Kœrner ou de Staps, mourir sans