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LORELY

avec moi. Suis-jc donc devenu maintenant pour vous un ennemi ? Je ne puis plus vous voir que devant des étrangers, comme tout le monde, moins que tout le monde.

marguerite. Pardon… Non, il vaut mieux que je vous dise tout dès à présent : si je ne vois plus en vous un ami, c’est que vous n’êtes plus le même, monsieur Frantz ! Vous voulez me compromettre, vous voulez me perdre : vous me suivez partout, monsieur ; et je ne puis tourner la tête sans vous retrouver sombre et pensif derrière moi ! Si vous me parlez devant des étrangers, c’est avec des paroles ambiguës, avec une émotion singulière souvent ! Et même… n’avez-vous pas osé m’écrire ?… M’écrire comme vous l’avez fait, c’est une trahison ! J’ouvre votre lettre sur la foi d’une ancienne et pure amitié, et j’y trouve des phrases insensées ! Ah ! monsieur…

frantz. Grand Dieu ! vous m’avez si mal jugé ! Mais j’avais la tête perdue ! Vous ne savez peut-être pas… Deux fois je me suis présenté chez vous, comme autrefois, et votre porte m’a été fermée.

marguerite. Mon mari était absent, absent pour le service du prince… de l’État.

frantz. Votre mari ! ah ! tenez, ne me parlez pas de votre mari !… ou je vous en parlerai, moi !

marguerite. Je me retire. frantz Marguerite !… ne me privez pas de cet