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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

celle de son nouvel esprit de liberté… écoutez-moi : Vous êtes tous des hommes ! Eh bien, à quoi vous occupez-vous ici !… À des jeux d’enfants, à des espiègleries d’écoliers… Est-ce là le baptême des patriotes qui ont vu mourir Kœrner, et des soldats de 1813 ? Il y a mieux que de la bière et du vin dans le monde, mieux que des villes à mettre en rumeur, et des auberges à piller ! Il y a toute une Allemagne à refaire avec les longs travaux de la pensée et les dures veilles du génie ! mettez-vous à l’œuvre. Architectes, prenez l’équerre ! législateurs, prenez la plume ! soldats, tirez l’épée ! (Rumeurs en sens divers.) Toutes les carrières vous sont ouvertes ! l’avenir n’a plus de barrières privilégiées : moi-même, vous le voyez, je suis une preuve vivante que l’on peut arriver à tout. Moi, c’est-à-dire un de vous ; moi, qui, après vous avoir parlé en maître, vais vous parler en père. Allons, enfants, vous valez mieux que vous ne croyez vous-mêmes ; pesez-vous à votre poids, et ne jetez pas vos belles années à la dissipation, comme des grains de sable au vent… Rentrez à l’université, seuls, libres, en chantant vos chansons, qui sont les nôtres… et qu’on a eu tort de proscrire… rentrez tous ensemble, comme vous en êtes sortis, vos torches d’une main, vos épées de l’autre ; que l’on voie bien que vous avez cédé à la persuasion, et non à la force. Le marchand a eu tort, il payera une amende. Les juges se sont