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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

(Léo entre.) Je vous demande encore mille lois pardon, monsieur : ne jugez pas ma maison par ce qui vient de se passer… C’est un hôtel, le plus bel hôtel de l’endroit, et non une taverne d’étudiants. Je suis déshonoré, monsieur !

léo. Rassurez-vous. Je voulais aujourd’hui même vous quitter pour me rendre à la ville, où des affaires m’appellent sans retard. Nous partirons plus tôt, voilà tout… mais, pourvous-même, soyez tranquille, je connais les étudiants : c’est une noble race, un peu turbulente, un peu folle ; mais là est l’honneur et l’avenir de l’Allemagne !

l’hôte. Ils vont tout briser ici, monsieur ; tout manger, tout boire !

léo. Ils payeront… Tout sera payé, quoi qu’il arrive, croyez-en ma parole. Faites porter cette lettre, monsieur.


IV. — LÉO, LE CHEVALIER.


léo. Je vais donc me mettre à l’œuvre ! J’ai là devant moi une ville, une grande ville ! pleine d’intelligence, d’industrie et de mouvement ! Ah ! près de l’action, toute ma crainte s’éloigne et tout mon sang se rafraîchit ! Cette foule qui monte vers moi, cette cité qui fume et bouillonne là-bas ; tout cela est sous ma main : mon Dieu ! suis-je plus que les autres ? Hélas ! non, si ton esprit ne descend