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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

léo. Oui.

le prince. Je vais écrire et signer les conventions qui seront faites entre nous. Réfléchissez, monsieur, afin de n’oublier aucune des observations que vous aurez à me soumettre.


XI. — LÉO, seul.


Ce n’est pas ainsi que j’avais compris ma vie ! et j’avais mis plus d’espace entre mon humble position et ma haute espérance. Pouvais-je prévoir qu’une main inconnue viendrait tout à coup m’enlever de terre et me faire franchir en un jour tant de degrés glissants, tant d’échelons fragiles ?… Qui me donnera l’expérience de toutes ces épreuves, ou plutôt la confiance de m’en passer ? Ah ! si je pensais être autre chose ici qu’un instrument dans les mains de la Providence, j’aurais peur à présent… je fuirais comme un lâche avant le combat ; je m’échapperais d’ici sans détourner la tête : car le mal que j’ai fait est grand, si je n’ai pas la force de mieux faire !… Mais il me l’a bien dit, lui : je n’ai pas le droit de refuser ! Dieu peut me demander compte de l’idée qu’il a mise en moi, comme il a demandé compte au figuier stérile des fruits qu’il aurait dû produire !… Si, comme un homme de peu de foi, je recule devant un fantôme ; si, par ma faute, à mon refus, un autre vient prendre ma place, et,