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LORELY

Marguerite. Entre votre venue et votre retour, il s’est passé des choses bien tristes !…

frantz. Oui !

Marguerite. Vous savez…

frantz. Je viens d’un lieu où des hommes du peuple se réunissent, mais où l’on sait tout en même temps qu’aux palais des princes. Votre mari, Léo Burckart, est le même homme que le publiciste Cornélius…

Marguerite. N’est-ce pas une chose dangereuse à dire ?

frantz. Tout le monde le sait aujourd’hui. Votre mari est condamné à vingt mille florins d’amende, à cinq années de prison,

Marguerite. Non, ce n’est pas lui qui est condamné, c’est le propriétaire du journal où il écrivait.

frantz. J’ai bien dit : car votre mari est un honnête homme, et son devoir était tracé. Quand partez-vous ?

Marguerite. Je ne sais… demain…

frantz. Sa marche sera un triomphe ; et le pays sera soulevé peut-être avant son arrivée.

Marguerite. Que dites-vous ?

frantz. Je dis… que cet homme est grand ; ou du moins que le ciel lui a donné l’occasion de le paraître !

Marguerite. Oh ! ce que vous m’apprenez là, Frantz, m’effraye… plus encore que tout le reste !